Accueil Economie Politique industrielle : Les cinq messages forts d’Aslan Berjeb

Politique industrielle : Les cinq messages forts d’Aslan Berjeb

Lors de la présentation de l’étude sur les créneaux porteurs pour l’emploi et l’innovation, le président de la Conect a livré une vision stratégique en cinq messages, appelant à repenser l’industrie tunisienne à l’aune des mutations mondiales.

L’étude sur les nouveaux créneaux porteurs pour l’emploi et l’innovation, dont les résultats viennent d’être dévoilés par l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii), devrait servir de point de départ pour penser et bâtir l’avenir productif de la Tunisie.

C’est ce qu’a tenté d’expliquer, en substance, Aslen Berjeb, président de la Conect, dans son allocution prononcée lors de la conférence de présentation de ladite étude. Saisissant cette occasion, le président de la Conect a articulé son discours autour de cinq messages clés, adressés aussi bien aux décideurs qu’aux acteurs du secteur privé. Agilité, priorisation, montée en compétitivité et en qualité, régionalisation industrielle… les messages lancés par Berjeb se veulent une boussole guidant vers un renouveau de l’industrie tunisienne.

Être en phase avec les changements 

Premier message souligné par le président de la Conect : un créneau porteur n’est pas un créneau figé, car le monde d’aujourd’hui change à une vitesse que personne ne maîtrise. « Ce qui était stratégique hier ne l’est plus aujourd’hui. Ce qui était marginal il y a cinq ans devient un levier de souveraineté nationale », a-t-il commenté. Pour étayer ses propos, Berjeb a cité les exemples de l’hydrogène vert — devenu un enjeu industriel — et de la cybersécurité — un secteur hautement prioritaire, bien plus que l’infrastructure physique. 

Ainsi, selon lui, les créneaux porteurs doivent être pensés comme des filières vivantes, mobiles et connectées aux grandes transformations du monde. 

«Il ne suffit pas de décréter qu’un secteur est prioritaire. Il faut pouvoir le réévaluer régulièrement, sans blocage ni inertie», a-t-il ajouté. Berjeb a, par ailleurs, indiqué qu’à travers ces diverses études et diagnostics qui se multiplient, la Tunisie affiche sa volonté de faire mieux, en misant sur des filières à forte valeur ajoutée, à contenu technologique élevé et à fort potentiel d’impact régional. L’importance d’impliquer le secteur privé qui, de par son expérience issue du terrain, peut contribuer à une meilleure identification, ainsi qu’à la mise à jour de ces filières porteuses, était le troisième message énoncé. 

Pour Berjeb, ce sont les entreprises qui expérimentent les créneaux et qui, par conséquent, savent mieux que quiconque détecter les opportunités en matière d’export, d’emploi et d’investissement. Dans ce contexte, il a ajouté que la Conect recommande d’identifier au maximum quatre niches par secteur, afin de préserver l’impact et éviter l’émiettement appelant également à la révision périodique de cette liste d’activités de même à suivre le rythme du marché mondial. «Nous avons rappelé que l’enjeu n’est pas seulement sectoriel, il est aussi structurel. C’est pourquoi il est essentiel d’améliorer l’environnement des affaires, d’alléger les procédures, de digitaliser l’Etat et d’offrir des incitations », a-t-il insisté.

Là où la Tunisie peut briller 

Poursuivant son allocution, le président de la Conect a cité certains secteurs identifiés par l’Apii comme créneaux porteurs, et dont la maturité et le potentiel permettent à la Tunisie de s’y positionner et prendre une longueur d’avance. Il s’agit notamment de l’automobile (en pleine électrification), de la santé (avec la branche biotech) et des énergies vertes. 

Selon Berjeb, l’investissement dans ces filières s’impose naturellement aujourd’hui en Tunisie, d’une part en raison de la forte demande mondiale, et d’autre part du potentiel national encore sous-exploité dans ces domaines, qui contribuent à la souveraineté économique du pays. Enfin, le cinquième message adressé par le président de la Conect appelle à mettre en place une politique industrielle basée sur une politique territoriale audacieuse. Selon lui, la diversité régionale qui caractérise le pays peut constituer un levier de diversification industrielle. «C’est précisément là que réside notre richesse.

La Tunisie est un pays de diversité productive. Chaque région a ses atouts, ses savoir-faire et ses écosystèmes. Il faut donc en faire des pôles spécialisés, et surtout interconnectés », a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «Gabès peut devenir un hub pour l’énergie verte, Sfax un pôle de biotech, Le Kef un modèle d’agro-export moderne et durable, et Bizerte une base industrielle logistique pour l’Afrique». Cette territorialisation, selon ses dires, doit partir de tests territoriaux qui serviront de base pour construire, par la suite, les structures d’appui et créer une dynamique à laquelle adhèrent les jeunes, les académiques et les startup.

«Derrière chaque créneau porteur, il y a une réalité économique à faire émerger, des jeunes à employer, des territoires à relever et un pays à mettre sur la carte de la compétitivité. Ce chantier, certes, prendra du temps, mais il donnera de la clarté, de la méthode et, surtout, de la continuité. Mais cela en vaut réellement la peine, parce qu’il en va de notre capacité à produire et à exister pleinement dans le monde qui vient », a-t-il conclu.

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